Un miroir antique et une épée géante de 2,37 m du IVe siècle exhumés lors de fouilles archéologiques à Nara, l’ancienne capitale Yamato du Japon

Le miroir en bronze, arrondi en forme de bouclier dans sa partie supérieure, et l’épée serpentine (dakô-ken 蛇行剣) ont été découverts lors de fouilles réalisées en novembre 2022 dans le tumulus de Tomio Maruyama 富雄丸山古墳 de la ville de Nara, édifié dans la seconde moitié du IVe siècle et considéré comme le plus grand tumulus rond du Japon.

Epée géante de 2,37 m découverte dans le tumuls de Tomio Maruyama – Photo Nara city board of education/Kyodo
Miroir en bronze découvert avec l’épee – Photo Nara city board of education/Kyodo

Le miroir en bronze, pièce unique jamais mise au jour auparavant dans l’archipel, doté d’un motif de dragon, mesure 64 cm de long pour 31 cm de large, 5 mm d’épaisseur et un poids de 5,7 kg.

L’épée serpentine, appelée ainsi en raison de la forme légèrement ondulée de sa lame, semblable à un serpent, de 2,37 m de long et 6 cm de large, est la plus longue et la plus ancienne de cette époque, découverte intacte sur un site archéologique du Japon.

Le Centre municipal de recherche archéologique de la ville de Nara, 奈良市, et l’Institut archéologique de la préfecture de Nara situé sur la commune de Kashihara, 橿原市, à l’origine des recherches, ont considéré ces objets datant de la seconde moitié du IVe siècle comme des chefs-d’œuvre de métallurgie de l’époque, pouvant être classés dans la catégorie de « trésors nationaux » du Japon.

Le directeur adjoint de l’institut de Kashihara a qualifié la découverte de percée majeure dans la recherche sur la période Kofun 古墳時代 (troisième au septième siècle de notre ère) nommée ainsi en référence aux tumulus (ou tumuli), tertres funéraires édifiés à l’époque pour les membres de la classe dirigeante dont l’Ensemble de kofun de Mozu‑Furuichi, de la préfecture d’Osaka, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (réf. article TOKI du 17/07/2019).

Les experts considèrent que le miroir et l’épée, trop grande pour être utilisée au combat, étaient des instruments de cérémonie pour conjurer le mal et protéger le défunt qui repose dans le tombeau, en l’occurrence très probablement un soutien important de la famille impériale de Yamato 大和.

Tumulus de Tomio Maruyama – Nara – Kyodo
毎日新聞

Ces vestiges de l’époque Kofun ne sont pas sans rappeler les Trois trésors sacrés du Japon (三種の神器, Sanshu no jinki) appelés également Trésor impérial du Japon ou Insignes du Japon :

  • le miroir Yata-no-Kagami (八咫鏡) qui serait conservé au grand sanctuaire d’Ise (伊勢神宮, Ise Jingû) dans la préfecture de Mie. Il symbolise la sagesse et la faculté de comprendre ;
  • l’épée Ame-no-Murakumo-no-Tsurugi 天叢雲劍, appelée par la suite Kusanagi-no-Tsurugi 草薙剣, conservée au sanctuaire Atsuta (熱田神宮, Atsuta Jingû) dans la préfecture d’Aichi. Elle symbolise la valeur et la faculté de partager ;
  • le joyau Yasakani no Magatama (八尺瓊曲玉), situé au palais impérial (皇居, Kôkyo) à Tokyo. Il symbolise la bienveillance et la faculté d’apprendre.

Ces éléments sont les trois symboles sacrés qui se transmettent à chaque nouvelle génération d’empereur, depuis le premier empereur du Japon, Jinmu Tennô 神武天皇 (660 av. J.-C. – 585 av. J.-C.), il y a 2 682 ans le 11 février 2023, jour de la célébration annuelle de la fondation du Japon, (建国記念の日, Kenkokukinen’nohi) : le Soleil Levant, Kôki Jinmu 皇紀 2 683, cette année.

Sources : NHK 1, NHK 2, Japan Times, Kyodonews