Un groupe d’archéologues japonais sur la piste des géoglyphes du site pré-inca de Nazca au Pérou

Géoglyphe du condor à Nazca au Pérou Credit: Roger Canals, Wikimedia Commons

Un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO qui fascine les chercheurs

Situés au Pérou, à plus de 400 km au sud de la capitale Lima, les lignes et géoglyphes de Nazca sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1994. Ces lignes et arabesques géantes, tracées sur le sol par la civilisation Nazca entre 500 av. J.-C. et 500 apr. J.-C., couvrent une superficie de 450 km² et sont visibles uniquement depuis le ciel.

Représentant des figures géométriques, des lignes parfaitement droites, des animaux ou des personnages humanoïdes, ces dessins constituent l’un des plus anciens mystères au monde et fascinent la communauté scientifique.

Ils apparaissent pour la première fois dans le livre du conquistador espagnol Cieza de Leóne « Chroniques du Pérou » édité en 1553, tombent dans l’oubli et réapparaissent en 1927 avec l’archéologue péruvien Toribio Mejia Xesspe. En 1939, l’anthropologue américain Paul Kosok est le premier à survoler les lignes de Nazca et se lance dans leur cartographie en 1941 avec l’aide de Maria Reiche, traductrice allemande, qui finira par continuer seule le recensement, l’étude et la préservation des géoglyphes.

L’ université de Yamagata au Japon à la découverte des géoglyphes de Nazca

C’est en 2004 que l’université de Yamagata 山形大学, dans le nord-est du Japon, s’engage dans des recherches sur les géoglyphes et les lignes de Nazca avec l’envoi d’un groupe d’archéologues dirigé par le professeur Masato SAKAI 坂井正人 – (Cultural Anthropology and Andean Archaeology), Academic Research Institute / Faculty of Humanities and Social Sciences. Ce groupe est le seul à obtenir l’autorisation du ministère péruvien de la culture de s’établir sur place pour y mener ces recherches.

A cette époque, trente géoglyphes uniquement avaient été découverts dans la région.

En 2012, l’université de Yamagata crée l’institut de Nazca dans la ville éponyme et, en 2015, signe un accord avec le ministère de la culture péruvien pour l’étude scientifique et la préservation des géoglyphes. Sur la base de cet accord, un parc archéologique est créé en 2017 dans la zone d’Aja, près du centre de Nazca, pour protéger les géoglyphes découverts par le groupe d’archéologues de l’université de Yamagata.

Yamagata et son université © Yamagata university
Conférence du professeur Masato Sakai © Yamagata university

L’intelligence artificielle au service des chercheurs

Jusqu’en 2018, plus de 190 géoglyphes ont été mis au jour, auxquels s’ajoutent les 168 nouveaux éléments révélés à la presse en décembre 2022 sur la Nazca Pampa et ses environs, fruits de la collaboration avec l’archéologue péruvien Jorge OLANO.

Forme humanoïde… © Yamagata university
identifiée par intelligence artificielle © Yamagata university
Forme humanoïde identifiée par IA © Yamagata university
Félin identifié par IA © Yamagata university

Ces derniers géoglyphes ont été découverts grâce à des enquêtes réalisées sur le terrain de juin 2019 à février 2020 et l’examen de relevés aériens de drones, couplés à l’intelligence artificielle d’IBM. Des représentations d’humanoïdes, de camélidés, d’oiseaux, d’épaulards, de félins, de serpents et autres qui dateraient de 100 av. J.-C. à 300 apr. J.-C ont ainsi été mis au jour. Ces dernières figures sont apparues en enlevant les pierres noires qui recouvraient la terre pour laisser apparaître la surface sablonneuse du sol.

Trente-six d’entre elles ont été découvertes dans la région d’Aja, près de Nazca, dans la même zone où ont été découverts en 2014 et 2015, par le même groupe japonais de chercheurs, les 41 géoglyphes à l’origine de la création du parc archéologique créé en 2017. Avec cette dernière découverte, 77 géoglyphes sont aujourd’hui concentrés dans ce parc.

358 géoglyphes découverts à ce jour par les archéologues japonais

Les conclusions issues des études réalisées sur les 168 nouveaux éléments publiées en décembre 2022 laissent à penser qu’il existe deux types de géoglyphes : un type linéaire, au nombre de 5 et un type en relief, au nombre de 163, plus petits avec un diamètre inférieur à 10 mètres et plus particulièrement situés le long d’anciens sentiers.

A partir de ces découvertes, l’université de Yamagata mène une étude basée sur l’utilisation de l’intelligence artificielle en collaboration avec le centre de recherche IBM T.J. Watson pour approfondir et clarifier les schémas de distribution des géoglyphes de Nazca. Les résultats de cette étude seront également utilisés pour des activités liées à la conservation des géoglyphes.

Au total, 358 géoglyphes ont pu être mis au jour depuis l’arrivée des archéologues japonais à Nazca en 2004. Mais, d’après un chercheur péruvien, ce chiffre ne représenterait que 5 % de l’intégralité à découvrir. Il en resterait donc plus de 6 800 toujours enfouis… Et leur signification reste toujours un mystère à percer.

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Dans un autre domaine, l’article de Toki du 06 novembre 2015 sur le pacte d’amitié signé entre le village de Machu Picchu au Pérou et celui de Otama (préfecture de Fukushima) au Japon

Sources : Yamagata University 山形大学, (Cultural Anthropology and Andean Archaeology), Academic Research Institute / Faculty of Humanities and Social Sciences