Le 17 décembre 2020, les savoir-faire, les techniques et les connaissances traditionnels liés à la conservation et à la transmission de l’architecture en bois au Japon ont été inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Le Japon est riche de techniques ancestrales et de savoir-faire utilisés depuis des millénaires, transmis au sein d’une même famille par le maître artisan aux apprentis qui devenaient ensuite ses successeurs.
Parmi les savoir-faire de l’architecture en bois au Japon figure le Kigumi 木組み, appelé aussi Kumiki 組み木, l’art de l’assemblage du bois sans clou, sans vis et sans colle qui remonterait à l’ère Jômon 縄文時代 , il y a 4000 ans.
Cette technique s’est particulièrement développée au sixième siècle avec la construction de sanctuaires et de temples.
Un travail extrêmement précis de découpe et de polissage du bois assure un assemblage parfait des différentes éléments, d’une extrême solidité et visuellement très harmonieux, jusqu’à donner l’illusion qu’il s’agit d’une seule et même pièce de bois.
Ces modes d’articulation des charpentes, tels que Kanawa tsugi 金輪継, assemblage à tenon et mortaise, ou Nejiri arigata ねじりありがた, assemblage à queue d’aronde torsadées, ont été pensés pour résister aux catastrophes naturelles et aux nombreux tremblements de terre que connaît le Japon.
En plus de leur extrême solidité, ces techniques architecturales présentent la particularité de ne pas nécessiter de pilier au centre du bâtiment jusqu’à une largeur de 20 mètres. Les édifices peuvent être démontés puis remontés pour des raisons de restauration ou de pratiques religieuses ancestrales.
Réalisées en harmonie avec la nature environnante, ces structures sont parmi les plus durables au monde, comme le temple de Hôryûji 法隆寺, dans la préfecture de Nara.
L’art de la menuiserie traditionnelle japonaise, transmis de génération en génération, est longtemps resté l’apanage de quelques initiés dont l’ingéniosité et le sens de l’esthétique leur permettaient de réaliser des assemblages d’une complexité géométrique et d’une précision telles qu’ils sont longtemps restés de véritables énigmes.
Ainsi, l’assemblage en queue d’aronde de l’un des piliers situés à l’entrée du château d’Osaka dont la construction s’est étalée de 1583 à 1597. Cet emboîtement unique au Japon a été considéré comme l’un des mystères de l’édifice jusqu’en 1983, année où des photos aux rayons X ont permis de dévoiler la structure interne de l’articulation.
Ces techniques ancestrales font des menuisiers et des charpentiers japonais des artisans traditionnels hautement qualifiés, dotés d’un savoir faire exceptionnel qui a inspiré de nombreux maîtres d’art occidentaux.
Ce savoir-faire est toujours utilisé de nos jours dans la réalisation de structures très complexes comme l’Agri chapel de Nagasaki construit en 2016 et conçu par l’architecte japonais Yû Momoeda.
Plus de 4000 possibilités d’assemblages sont dénombrées et utilisées aussi bien pour la construction d’édifices que pour l’élaboration de mobilier.
Sources : unesco.org, yokattanaka.net, yumomoeda.com, DylanIwakuni
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