Des fossiles de dents d’un dinosaure sauropode herbivore avaient été découverts en 2012 dans une strate géologique du Crétacé supérieur, datant d’environ 90 millions d’années, appelée la formation de Tamagawa 玉川層 dans la ville de Kuji 久慈市, préfecture d’Iwate 岩手県, au nord-est du Japon.
C’est dans cette strate que le groupe de recherche, dirigé par le professeur Ren HIRAYAMA 平山廉, de la Faculté de recherche et d’éducation internationales de l’Université Waseda 早稲田大学国際学術院, à l’origine de la découverte, et le directeur du Musée de l’ambre de la ville de Kuji 久慈琥珀博物館, poursuit chaque année des enquêtes semestrielles intensives.
Environ 2 955 fossiles d’une trentaine d’espèces de vertébrés y ont été découverts, notamment des dents de grands dinosaures herbivores et de dinosaures carnivores, de tortues, de crocodiliens, de choristodères et de requins. Ces fossiles ont été découverts avec de l’ambre provenant de la même formation d’où ont été extraits d’autres fossiles de divers groupes d’organismes marins et terrestres, ce qui fait de la formation Tamagawa de Kuji l’une des formations les plus importantes et les plus rares au monde pour la recherche sur la biodiversité de l’époque.
Comme il le fait chaque année depuis 2021, le jeune KUBO Yû 久保佑, âgé de huit ans au moment des faits, accompagne ses parents, chercheurs en paléontologie, qui participent aux fouilles réalisées sur le site de la ville de Kuji. Malgré son jeune âge, Yû a déjà découvert divers fossiles tels que des dents de requins et de crocodiles.
Le 27 mars 2023, affairé dans ses recherches, Yû décide d’aller piétiner dans la rivière proche dans le but d’y laver ses bottes. C’est là qu’il découvre sur le sol ce qu’il désigne comme une « bosse » de la taille d’un poing. « Je l’ai ramassée et je l’ai brisée. Et là, j’ai découvert un fossile… ».
Grâce à la datation radiométrique des cendres volcaniques, le professeur HIRAYAMA et son groupe a pu confirmé qu’il s’agissait du fossile d’une mâchoire inférieure d’une nouvelle espèce de tortue (Lindholmemys) qui existait à la fin du Crétacé, il y a environ 90 millions d’années, dans la formation Tamagawa de la ville de Kuji.
Outre le mandibulaire, cent dix pièces supplémentaires appartenant à cette nouvelle espèce (dont une partie de la carapace et du crâne) ont été mises au jour.
Le fossile de la tortue Lindholmemys découvert par le jeune Yû est différent de ceux des familles répertoriées antérieurement, en ce sens que l’écaille la plus antérieure de la carapace dorsale est plus étroite tandis que l’écaille la plus postérieure est plus large et l’écaille la plus antérieure de la carapace ventrale est plus petite.
On pense que le fossile découvert dans cette étude est le plus ancien de la famille Lindholmemys. Actuellement, 11 genres différents de cette famille ont été confirmés en Asie en dehors de l’Inde, et ils ont vécu pendant une période allant du Crétacé supérieur au Paléogène (il y a environ 90 à 60 millions d’années). Il s’agit de la deuxième découverte d’une nouvelle espèce de vertébré de l’ère mésozoïque dans la préfecture d’Iwate, après la découverte de la tortue d’Adkus kohaku, rapportée par le groupe de recherche en 2021.
Les détails de la recherche ont été rapportés lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à l’Université Waseda, le jeudi 13 juillet 2023, au cours de laquelle le professeur HIRAYAMA a chaleureusement félicité le jeune Yû :
« Il s’agit de l’ancêtre du groupe de tortues le plus dominant aujourd’hui, et ses mâchoires fossiles n’avaient jamais été observées auparavant, ce qui en fait une découverte précieuse ».
Les fossiles de cette nouvelle espèce de tortue seront exposés au Musée de l’ambre de la ville de Kuji, du 15 juillet au 30 novembre 2023.
Précédentes publications à relire à cette occasion :
La tortue du palais de l’océan
Sources : NHK, Waseda University